Ouganda, pays des vipéridés extrêmes

Atheris hispida

Mars 2017, c’est la période que nous avons choisi pour visiter l’Ouganda, au centre-est de l’Afrique. Le centre-est de l’Afrique est marqué par le grand rift, considéré par beaucoup comme le « berceau de l’humanité », suite à la découverte d’anciens hominidés fossiles. Cette géologie particulière permet la présence de paysages et climats extrêmement variés, depuis la savane sèche aux forêts tropicales humides, jusqu’à des montagnes couvertes de neiges éternelles. C’est aujourd’hui, un bastion des grands mammifères d’Afrique. L’Ouganda abrite notamment lion, éléphant d’Afrique, hippopotame, buffle. Les principales populations de gorille et de chimpanzé subsistent également en Ouganda. Mais la faune herpétologique n’en est pas moins remarquable. Au contraire, quelques-uns des vipéridés les plus extraordinaires sont ici présents comme par exemple la Vipère rhinocéros, la Vipère du Gabon et plusieurs espèces du genre… ATHERIS… Autrement dit, comment ne pas visiter ce pays !

L’équipe d’Atheris est cette fois-ci constitué des habituels Matthieu et Laurent, accompagné de Fabrice, déjà présent en Malaisie, et de Damien, un vieil ami. La première semaine est consacrée à la prospection des trois espèces les plus hautement souhaitées, à savoir Bitis gabonica, Bitis nasicornis et Atheris hispida.

Atheris hispida. Le genre Atheris est endémique des forêts tropicales d’Afrique centrale. Il regroupe une dizaine d’espèces arboricoles, de petites tailles et relativement sveltes. Atheris hispida est l’une des espèces les plus remarquables. Son écaillure particulièrement développée évoque une sorte de plumage et les proportions de sa tête évoquent un animal fantastique, ou plus simplement… un dragon.

Bitis nasicornis est un gros vipéridé, qui montre un look, des motifs et des couleurs exceptionnels. Elle est large, lourde, et présente des écailles en forme de cornes au bout du museau. Elle est cantonnée aux forêts humides d’Afrique centrale. Elle atteint des tailles respectables, mais elle est généralement plus petite que la vipère du Gabon.

Bitis gabonica est un serpent mythique. C’est tout simplement le plus grand et gros serpent de la sous-famille des Viperinae. Les plus gros individus de cette espèce approcheraient les 2 m et dépasseraient les 10 kg. C’est aussi un des serpents présentant les plus grands crochets, et produisant la plus grosse quantité de venin au monde. Enfin, les couleurs et motifs présentés par cette espèce sont tout à fait spectaculaires, la rendant totalement cryptique dans le milieu. La Vipère du Gabon, c’est le Graal des amateurs de vipères ! La Vipère du Gabon est  une espèce a priori bien présente en Ouganda. Elle affectionne une large gamme de milieu, et supporte des milieux plus dégradées que Bitis nasicornis par exemple. Elle est notamment présente dans des terres agricoles ou dans des secteurs de prairies boisées.

Nos prospections se sont s’avérées d’une efficacité maximale puisque les trois espèces cibles sont contactées… en trois jours ! Dans la foulée, et toujours dans la même semaine, nous poursuivons les observations supplémentaires : Dispholidus typus (Boomslang), Psammophis mossambicus, Mamba de Jameson Dendroaspis jamesoni, Toxicodryas (ex. Boiga) blandingii, Cobra des Forêts Naja melanoleuca ou encore le serpent mangeur d’œuf, Dasypeltis atra.

 

La deuxième semaine sera moins intense en prospections reptiles, et nous profitons de la visite des parcs nationaux à l’est du pays pour observer les grands mammifères du pays : Babouins et autres singes de diverses espèces,  Antilopes, Eléphants des forêts, Eléphants de Savanes, Buffles, Hippopotames, Phacochères, Hylochère, Hyène, etc. Malgré tout, quelques reptiles sont encore observés dont le caméléon Trioceros ellioti, le Varan du Nil Varanus niloticus, et quelques serpents, tels que le Serpent des maisons Boaedon fuliginosus et Philothamnus semivarigatus.

 

 

Les densités de Reptiles et d’Amphibiens nous ont paru plus faibles par rapport aux pays d’Amérique du Sud ou d’Asie du Sud-est. Mais les rares animaux observées valent le coup d’œil, de part leurs dimensions, leurs couleurs ou leur look !
Nous ne restons toutefois pas insensibles devant l’état de conservation de la majeure partie des espaces naturels du pays. La pression anthrophique est absolument énorme, et les Atheris hispida et Bitis nasicornis se sont aujourd’hui plus présentent que dans quelques rares petits espaces naturels, grignotés tous les jours par les cultures et les feux de forêts… L’avenir de ces espèces remarquables y semble aujourd’hui plus qu’incertain… Ougandais, merci pour votre accueil chaleureux, et SVP, protégez de votre mieux votre nature !

Photos : L. Barthe, F. Bernard, M. Berroneau, D. Troquereau – Un grand merci à Tom, Jeff, Nsuggu, Mathias, et tous leurs amis.

 

Liste non exhaustive des observations :

Reptiles
Trachylepis maculilabris
Trachylepis striata
Hemidactylus mabouia
Hemidactylus (angulatus ?)
Trioceros ellioti
Acanthocercus sp.
Acanthocercus atricollis
Adolfus joacksoni
Varanus niloticus
Crocodylus niloticus
Pelomedusa rufra
Boaedon fulginus
Dasypeltis atra
Psamnophis mossambicus
Philothamnus sp. or Hapsidophrys sp.
Philothamus semivariegatus
Toxicodryas blandingii
Dispholidus typus
Dendroaspis jamesoni
Naja nigricollis
Naja melanoleuca
Atheris hispida
Bitis arientans
Bitis gabonica
Bitis nasicornis

Amphibians
Sclerophrys maculata
Leptopelis sp.
Leptopelis kivuensis
Hyperolius sp.
Ptychadena mascareniensis
Ptychadena oxyrhynchus
Phrynobatrachus (natalensis ?)

À propos de l'auteur: ATHERIS

6 commentaires à «Ouganda, pays des vipéridés extrêmes»

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  1. François Quinquis - le 19 juillet 2017 à 15 h 02 min Répondre

    C’est un régal que de lire vos C.R. d’herpings subtropicaux (ou non). Les photos sont de grande qualité, tant sur le plan artistique que technique, alliant les mises en situation de vos séances de prise de vue au contexte environnemental de l’animal. Bref continuez à nous faire voyager et mettre en valeur les reptiles et amphibiens d’ici ou d’ailleurs, pour notre plus grand bien et le leur ! Bravo pour votre travail.

  2. Laurent Barthe - le 31 juillet 2017 à 11 h 56 min Répondre

    Merci François, c’est un réel plaisir d’avoir des encouragements !

  3. Fabienne - le 2 septembre 2017 à 21 h 12 min Répondre

    merci beaucoup de se bon voyage regarde avec les enfants de 6 ans 1/2 et Norbert le copain Laurent

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