Israël 2019 : bivouac, herpéto, photo !

L’Israël est un pays qui présente l’avantage d’abriter un grand nombre d’espèces sur une superficie réduite. C’est donc l’idéal pour des trips herpétologiques de courte durée. Et le pays abrite plusieurs espèces mythiques qui valent le coup d’œil… Nous voilà donc en route pour un court périple d’une semaine !

La team Israël 2019

La team Israël 2019

Alentours de Tel-Aviv

Après quelques péripéties pour récupérer notre visa (mon voyage précédent en Iran a entrainé quelques procédures de contrôle supplémentaires) puis la voiture, nous voilà enfin sur la route, pour rejoindre un premier spot à proximité de Tel-Aviv. Notre première cible est tout simplement Daboia palaestinae, la plus grande vipère du pays, et largement répartie dans la moitié nord du pays. La nuit tombe rapidement lorsque nous débutons notre prospection, et les premiers reptiles sont vite observés, notamment Mediodactylus kotschyi, Stenodactylus sthenodactylus, Chalcides sepsoides, ou encore Lytorhynchus diadema (que nous allons ensuite voir quasiment tous les jours !), mais aussi une Macroprotodon cucullatus en chasse. Le milieu est sablonneux, et de nombreuses traces trahissent une forte activité chez les reptiles (tortues, serpents et lézards). Finalement, une dernière trace toute fraîche avant de nous coucher nous permet l’observation d’un magnifique mâle de Daboia palaestinae ! Première prospection, et première rencontre magique…

Au réveil, quelques Acanthodactylus schreiberi et Laudakia stellio nous observent démonter le site de bivouac. Il est temps de rejoindre le sud du pays !

 

Daboia paleastinae

Daboia paleastinae

Nord du Negev

Nous voilà en route pour le désert de dunes du nord Negev. Ce secteur abrite notamment deux vipéridés à répartition restreinte dans le pays : Cerastes cerastes et Cerastes vipera. Le secteur semble également abriter une importante population de notre « Graal » : le Varan du désert, Varanus griseus, que nous tentons de photographier depuis bien des années. Nos prospections sous la chaleur écrasante le confirment rapidement : il y a des traces absolument partout !
Mais malheureusement, impossible d’observer un animal en activité, et la nuit tombe rapidement. Nuit qui nous permet d’observer aisément de nombreuses espèces de reptiles : Lytorhynchus diadema, Stenodactylus sthenodactylus, Stenodactylus petrii. Surtout, nous trouvons une première Cerastes vipera, et une jeune Cerastes cerastes aux couleurs extraordinaires (quel bleu !). Les observations d’un hérisson du désert, et surtout d’une Hyène rayée Hyaena hyaena  (qui va suivre l’un d’entre nous sur plusieurs centaines de mètres !) viennent ponctuer une soirée inoubliable.

Le matin, les Acanthodactyles Acanthodactylus aegyptius et Acanthodactylus scutellatus, Chamaeleo chamaeleon et le rare (mais pas farouche !) Trapelus savignii sont observés, mais toujours pas de Varanus griseus… Encore une fois, nous allons passer à côté !?

Nous partons pour la suite du voyage. Sur la route, un Walterinnesia aegyptia gît malheureusement écrasé…

Cerastes cerastes

Cerastes cerastes

Mer morte

Un voyage en Israël sans une visite de la mer morte parait difficilement concevable. Nous partons donc pour les montagnes de Judée. Pas de vipères ici (Echis coloratus y est pourtant certainement abondante), mais d’autres espèces toutes aussi intéressantes nous attendent : le minuscule Tropiocolotes nattereri, Stenodactylus sthenodactylus, Ptyodactylus guttatus et ses doigts si particuliers, mais aussi l’élégant Telescopus dhara, et enfin et surtout deux Atractaspis engaddensis ! Ce serpent au venin très puissant présente une caractéristique morphologique très particulière. Il peut envenimer proie ou prédateur à l’aide de ses crochets sans ouvrir la bouche. Le crochet est long et ressort sur un côté de la gueule. Voici un serpent qui pique mais ne mord pas (pour une fois, l’expression est juste !). En route nous croisons également un Renard de Rüppell (Vulpes rueppellii).

Le lendemain matin, quelques lézards viennent compléter nos observations : Hemidacylus turcicus, Chalcides ocellatus, Mesalina bahaeldini, Laudakia stellio.

 

Ps : on confirme, dans la mer morte… on flotte ! 

Atractaspis engaddensis

Atractaspis engaddensis

Centre du Negev

Le voyage se poursuit vers le sud du pays. Notre but est d’observer Pseudocerastes fieldi, la dernière espèce du genre après Pseudocerastes urarachnoides et persicus observées en Iran. Le spot visé est un superbe désert de sable et de pierres qui semble très favorable à l’espèce. A nouveau, plusieurs espèces de reptiles sont rapidement observés : Tropiocolotes nattereri, Acanthodactylus boskanius (ou Acanthodactylus opheodurus), Stenodactylus sthenodactylus, Ptyodactylus guttatus, encore et toujours Lytorhynchus diadema. Malheureusement, la longue marche nocturne ne permet pas d’observer Pseudocerastes fieldi. Le lendemain matin, nous nous levons aux aurores dans le but de surprendre quelques reptiles en thermorégulation (des traces suspectes nous laissent penser à Scincus scincus …). Mais c’est une trace fraîche de Pseudocerastes fieldi que nous trouvons finalement ! En remontant inlassablement la trace, nous finissons par trouver l’animal caché dans un buisson… Un animal extraordinaire !

Pseudocerastes fieldi

Pseudocerastes fieldi

Arava et Eilat

Toujours plus au sud, la chaleur devient de plus en plus accablante, avec un joli 42°C à l’ombre en cœur de journée… C’est une météo idéale pour les Uromastyx ! Le sud du pays abrite deux espèces : Uromastyx aegyptia, une grosse bête (pouvant atteindre 3 kg !) et Uromastyx ornata, plus petit, extrêmement coloré, et à la répartition très restreinte. Les deux espèces vont être assez facilement observées, même si les fortes chaleurs ne facilitent pas les prospections. La fin de journée est marquée par l’observation de Psammophis schokari qui s’est employée à tester notre réactivité. Quelle vitesse dans ses déplacements ! Le secteur abrite aussi deux vipéridés, dont la troisième espèce de Cerastes du pays : Cerastes gasperettii. Là aussi, l’activité nocturne est très importante : sont rapidement observées cinq (!) Echis coloratus, dont un énorme adulte à la robe rose caractéristique du sud du pays, et trois Cerastes gasperettii. Les recherches sont ponctuées par l’observation d’énormes Solifuges (dont un accouplement) qui nous aura valu un sacré bon en arrière et une sacrée rigolade ! Encore une folle soirée ! Quelques lézards complètent nos observations : Stenodactylus doriae, Stenodactylus sthenodactylus, Cyrtopodion scabrum, Ptyodactylus hasselquistii et enfin, le si commun mais si discret Chalcides sepsoides.

Echis coloratus

Echis coloratus

Seconde chance au nord du Negev

Nous avons réussi, en cinq jours, à observer tous les vipéridés du sud du pays ! Il nous reste donc un jour pour retenter l’espèce qui nous résiste encore et toujours, Varanus griseus. Nous choisissons donc de retourner dans le nord du Negev, où les traces étaient si nombreuses. En chemin, un arrêt rapide vers Neve Harif, nous permet d’observer quelques Pelophylax bedriagae dans la mare artificielle d’un restaurant bio. Nous arrivons sur place en fin d’après-midi et reprenons les recherches. Toujours de nombreuses traces, mais le vent faible n’efface pas les plus anciennes, et on s’y perd rapidement. Le varan, lui, ne pointe pas le bout de son nez, et la nuit tombe. Nous en profitons pour une petite sortie nocturne, ponctuée par de nouvelles observations de Lytorhynchus diadema évidemment, Stenodactylus sthenodactylus, Stenodactylus petrii… Une belle Cerastes cerastes, deux nouvelles Cerastes vipera et une jeune Telescopus hoogstraali (jolie !).

Le lendemain matin, au levé du jour, c’est définitivement notre dernière chance pour trouver le varan… et ce sera la bonne ! Plusieurs traces fraîches (même les écailles ventrales de l’animal sont bien visibles…) permettent de remonter jusqu’à un bel adulte. Voici enfin notre Varanus griseus ! Nous profitons donc de ce moment pour photographier et examiner sous toutes les coutures ce si particulier reptile, que nous rendons ensuite au désert. C’est une nouvelle journée riche en émotions qui s’achève, il est désormais temps de remonter à Tel-Aviv.

Varanus griseus

Varanus griseus

Dernier arrêt avant décollage

Nous profitons du retour à Tel-Aviv pour observer la tortue la plus particulière du pays : Trionyx triunguis. Cette tortue à carapace molle est vraiment énorme ! Les Mauremys rivulata qui l’accompagnent paraissent bien petites à côté… Le lendemain matin, une dernière sortie en bord de mer permet l’observation de plusieurs Testudo graeca, des scinques Ablepharus rueppellii et Chalcides ocellatus, et Acanthodactylus schreiberi. Nous trouvons des aiguilles de Porc-épic (Hystrix indica) et observons quelques oiseaux bien sympas : Pie-grièche masquée (Lanius nubicus), Martin-chasseur de Smyrne (Halcyon smyrnensis), Alcyon pie (Ceryle rudis), Souimanga de Palestine (Cinnyris osea)… Après un dernier plongeon dans la Méditerranée, il est définitivement l’heure de prendre l’avion… Quelle folle semaine !

Trionyx triunguis

Trionyx triunguis

 Conclusion

Petit pays par sa superficie, l’Israël n’en est pas moins riche en Reptiles, avec près de 90 espèces. Le désert est une succession de paysages variés abritant des espèces à répartition parfois restreinte. Les densités de populations ont semblé élevées sur les sites visités, et toutes les espèces ciblées ont finalement été observées (à l’exception de Scincus scincus, mais il n’a pas été spécifiquement recherché). C’est assez rare pour le signaler !

Un énorme merci aux très actifs herpétologues et naturalistes locaux : Aviad, Guy, Shani, Lior, mais aussi aux amis voyageurs Jaroslav, Bobby, Thor… Nous en oublions surement !

Cerastes cerastes

Cerastes cerastes

 

Photos et textes : Matthieu Berroneau, Maud Berroneau, Mathieu Ausanneau, Eric Sansault.

 

 

Liste des espèces

Amphibien (1) :

Pelophylax bedriagae

Reptiles (39) :

Testudo graeca floweri
Mauremys rivulata
Trionyx triunguis
 
Ptyodactylus hasselquistii hasselquistii
Ptyodactylus guttatus
Hemidactylus turcicus
Cyrtopodion scabrum
Mediodactylus kotschyi
Tropiocolotes nattereri
Stenodactylus sthenodactylus sthenodactylus
Stenodactylus petrii
Stenodactylus doriae
Trapelus savignii
Laudakia stellio

Uromastyx aegyptia aegyptia
Uromastyx ornata ornate
Chamaeleo chamaeleon musae
Acanthodactylus schreiberi syriacus
Acanthodactylus boskanius asper / Acanthodactylus opheodurus
Acanthodactylus aegyptius
Acanthodactylus scutellatus
Mesalina bahaeldini
Ablepharus rueppellii
Chalcides ocellatus ocellatus
Chalcides sepsoides
Varanus griseus griseus
 
Lytorhynchus diadema
Telescopus hoogstraali
Telescopus dhara dhara
Macoprotodon cucullatus cucullatus
Psammophis schokari
Atractaspis engaddensis
Walterinnesia aegyptia DOR
Daboia palaestinae
Echis coloratus terraesanctae
Cerastes vipera
Cerastes cerastes
Cerastes gasperettii mendelssohni
Pseudocerastes fieldi

À propos de l'auteur: Matthieu Berroneau

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